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La radiodiffusion est-elle condamnée ?

Avec la BBC qui prédit un « monde tout Internet », quelque part dans le futur, comment la radiodiffusion va-t-elle s’adapter ?

Par James Careless

La chaîne YouTube de BBC Radio 1 est vue en moyenne 1,25 million de fois par jour.LONDRES — La radiodiffusion et la télédiffusion conventionnelles sont condamnées, finalement. Ou on pourrait raisonnablement le supposer à la lecture de l’offre de charte de diffusion de la BBC « Britannique, Audacieuse, Créative », pour son mandat de la prochaine décennie. La charte de radiodiffusion de 10 ans de la BBC doit être renouvelée en 2016. Cette proposition est la présentation au Parlement pour le financement de la BBC.

C’est sûr que la BBC n’a pas utilisé le mot condamné, ou mis en avant une échéance précise. Cependant, au cours des 10 prochaines années, « Nous allons passer à une BBC adaptée à Internet, pour être prêt pour un monde tout Internet quand il viendra », selon la proposition de la BBC. Le seul facteur restrictif sera « d’évoluer au rythme de nos auditoires », en veillant à ce que les abonnés âgés aient accès au contenu de la radio et de la télévision aussi longtemps qu’ils en ont besoin.

Après avoir publié cette proposition, la BBC a annoncé qu’elle réorganisait ses divisions internes en fonction du contenu plutôt que des plate-formes. Par exemple, « Chaque division globale aurait des divisions subsidiaires telles que BBC Youth, une subdivision suggérée de BBC Entertainment, qui inclurait le canal en ligne BBC Three, et la station de musique pop Radio 1 », a rapporté le journal The Telegraph.

Voir une institution de diffusion respectée comme la BBC parler d’un « monde tout Internet » comme une certitude est suffisant pour faire réfléchir les radiodiffuseurs. Est-ce que leur média de transmission sur les ondes est condamné ? Pour en savoir plus, et situer dans le contexte la relation changeante entre la radiodiffusion et le Web/mobile, nous avons interrogé la BBC, ABC Radio d’Australie, la station nationale DAB Fun Kids du Royaume-Uni et Nelonen Media de Finlande, fabricant de l’application Supla de streaming audio/radio.

Un paysage multiplateforme

Capture d’écran du site mobile d’ABC Radio La BBC atteint actuellement un large public via la radiodiffusion hertzienne. Par exemple, « BBC Radio 1 a une portée de 11,36 millions d’auditeurs par semaine et nous atteignons 40 % des enfants âgés de 15 à 24 ans au Royaume-Uni », a déclaré Rhys Hughes, directeur des programmes de Radio 1 et 1Xtra. Cela dit, la chaîne YouTube de Radio 1 reçoit une moyenne de 1,25 million de vues par jour, tandis que le canal en ligne iPlayer de Radio 1 reçoit plus de 1,4 million de demandes par mois. Alors, quand il s’agit de portée globale, le Web/mobile représente une grande part de la stratégie de distribution de Radio 1 — et devient de plus en plus importante.

« La FM et le DAB sont encore très importants — environ 65 % de l’écoute de Radio 1 est sur la FM — mais il ne fait aucun doute que le Web est un outil de plus en plus important pour la diffusion de notre contenu », a déclaré Davies. « L’expression que nous utilisons est que « vous devez pêcher là où se trouvent les poissons » et le jeune public est en ligne, donc nous y sommes aussi », a-t-il ajouté. « Que ce soit sur YouTube, sur les services de streaming comme Spotify, ou sur les médias sociaux, Radio 1 est présente. Le mantra est ‘un contenu juste, une bonne plate-forme, au bon moment’». 

Linda Bracken, directrice du contenu et de la stratégie numérique d’ABC Radio. ABC Radio en Australie constate également le rôle croissant de la diffusion Web/mobile, même en dehors du lancement du service tout-Internet ABC Classic 2 (qui présente des artistes et interprètes classiques 100 % australiens). « De même que les plates-formes linéaires et numériques, toutes les stations nationales, numériques, en ligne et des villes principales sont diffusées via l’application radio.abc.net.au et via l’application ABC Radio, qui offre une gamme d’options pour l’utilisateur, y compris la possibilité de partager sur Facebook, Twitter ou par e-mail », a déclaré Linda Bracken, directrice du contenu et de la stratégie numérique d’ABC Radio. « L’application comprend un élément voice over développé en consultation avec Vision Australia qui permet aux non voyants d’y accéder de la meilleure façon possible. Il existe également des applications individuelles pour les réseaux pour jeunes triple j et triple j unearthed ».

De toute évidence, à la fois la BBC et ABC ont adopté Internet sous toutes ses formes comme une plate-forme de distribution d’ importance croissante. Mais en dépit de l’offre de charte de diffusion de la BBC prédisant un « monde tout Internet », aucun radiodiffuseur n’achète des fleurs pour la tombe de la radiodiffusion, pas encore.

Un exemple typique : bien que Davies s’attende à ce que la proportion d’audience de la BBC (entre radiodiffusion et streaming) « avoisine les 50/50 » d’ici cinq ans, « la radiodiffusion traditionnelle n’est pas condamnée », a-t-il déclaré. « Les gens ont dit que c’était la fin de la radio avec la naissance de la télévision, mais la radio est restée un média vital. Le changement a été que vous ne pouvez pas simplement fournir une station de radio linéaire, vous avez besoin d’une stratégie visuelle et d’une stratégie de médias sociaux, comme ‘Écouter, Regarder, Partager’ de Radio 1 ».

Condamnée, peut-être pas tant que cela

En Finlande, l’application Supla de Nelonen Media met la radio et d’autres contenus audio sur les smartphones des utilisateurs. Linda Bracken d’ABC Radio est également sceptique quant à la disparition projetée de la radio. « La tyrannie de la distance en Australie signifie qu’un émetteur AM a la capacité de s’étendre sur des milliers de kilomètres sur des terrains éloignés, donc nous voyons encore la radiodiffusion conventionnelle comme une partie très importante de notre stratégie », a-t-elle dit. « Une grande force du réseau local d’ABC radio est qu’il apporte la radiodiffusion d’urgence. En période d’incendie du bush ou d’inondations, la radiodiffusion traditionnelle est encore très importante ».

En même temps, Bracken fait écho à l’avertissement de Davies que continuer « les affaires comme d’habitude »

pour la radiodiffusion n’est plus adéquat. « Maintenant, nous adoptons une approche multiplateforme holistique », a-t-elle expliqué. « Vous pouvez écouter les émissions de radio en direct et obtenir des mises à jour sur nos sites Internet et sur les médias sociaux à la fois de nos stations locales et également des services d’urgence ». 

Le directeur de la station Fun Kids, Matt Deegan, croit aussi à l’importance de la radiodiffusion terrestre, dans ce cas via le DAB, parce que Fun Kids n’a jamais été ni en AM/MW ni en FM. « Je suis toujours choqué de voir comme notre écoute sur Internet est faible. Nous pensons qu’elle est bien inférieure à 10 % de notre écoute totale », a déclaré Deegan. « Nous sommes sur un grand marché — il n’y a pas des masses de stations de radio pour les enfants — nous sommes sur tous les agrégateurs, et nous sommes sur le UK Radio Player à succès. Mais il n’y a absolument aucun moyen pour nous de faire marcher la station avec ce niveau de contenu, en s’appuyant sur notre seule écoute sur Internet ».

Fun Kids est le canal radio DAB/Web en streaming pour enfants au Royaume-Uni. Même Johannes Saukko, directeur numérique (radio) de Nelonen Media, dit que la radiodiffusion jouera encore un rôle dans les années à venir , malgré la conviction du concepteur de l’application Supla que « l’avenir de la radio est dans le portable [Smartphone] ou les dispositifs connectés et dans les voitures connectées ». Même avec ce désengagement par rapport à la radiodiffusion, « la radio FM traditionnelle en 2021 sera encore plus grande [que le streaming] en termes de portée, en particulier parmi les générations les plus âgées », a déclaré Saukko.

Dans l’environnement actuel de transition, il est impossible de voir clairement l’avenir de la diffusion radio dans 10 ou 20 ans. En dépit de la prédiction de la BBC d’un inévitable « monde tout Internet », il y a encore de nombreuses régions du Tiers Monde, où la diffusion radio reste le seul moyen efficace et économique pour atteindre un public de masse, peu importent les avancées dans les smartphones avec la 4G et au-delà dans les pays développés. Ajoutez la résilience de la diffusion radio face aux catastrophes naturelles et d’origine humaine — par rapport à la saturation fréquente et la défaillance des réseaux de téléphonie cellulaire durant de tels incidents — et l’idée de fermer des diffusions vitales semble peu probable dans ces régions.

Cela dit, il ne fait aucun doute que le contenu, plutôt que des plates-formes spécifiques de distribution, est en train de devenir le facteur déterminant pour les radiodiffuseurs petits et grands. Ainsi, bien qu’il soit probable que la radiodiffusion doive être confrontée dans l’avenir à une distribution Web/mobile de plus en plus prédominante, il est est impossible de prédire le role que cela va jouer. « La vitesse de changement est très difficile à estimer », a fait remarquer Saukko. « La seule chose sûre est que le changement est en route ».

James Careless couvre l’industrie pour Radio World, depuis Ottawa, en Ontario.

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