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Relier les mains et les bandes

Explorer la possibilité que les standards numériques s’unissent pour fournir le maximum d'avantages

Par Ruxandra Obreja

LONDRES Si le numérique est si avantageux, alors pourquoi la numérisation de la radiodiffusion met-elle si longtemps à s’installer dans le monde entier ?

Ruxandra Obreja, présidente de Digital Radio Mondiale. La réponse a été apportée très récemment au Royaume-Uni, où les derniers chiffres officiels RAJAR montrent que 56,6 % de l’écoute est en mode analogique (FM/AM), tandis que les deux tiers des nouveaux récepteurs achetés sont encore uniquement analogiques. En d’autres termes, la FM gourmande en spectre et en énergie, et même la bande AM parfois déclarée « morte » se portent toujours bien. L’atout de l’analogique, c’est une grande variété de programmes nationaux, régionaux et locaux ainsi que des récepteurs bon marché partout dans le monde.

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Aucun des trois standards audio numériques de radiodiffusion internationalement reconnus (Digital Radio Mondiale, DAB/DAB+ et HD Radio) ne peut à lui seul fournir tous les avantages perçus de l’analogique, qui continue à exercer une pression malgré son statut nonagénaire.

La saturation du spectre pose aussi des problèmes — récemment, l’Union européenne de radiodiffusion devait prendre position et défendre la vieille bande de télévision analogique contre les tactiques de débordement de la TNT, qui de toute évidence lorgne la bande III (qui est aussi celle du DAB), tandis que la pression sur la bande UHF se poursuit sans relâche.

Ainsi pris dans un étau par l’analogique d’un côté et la télévision numérique de l’autre, avec en plus les rumeurs sur les avantages (limités) de l’IP, du satellite et d’autres plates-formes dans la radiodiffusion, vers quoi va aller la diffusion audio ou radio ?

Ce n’est pas surprenant que la réponse soit le numérique — pour toutes les raisons qu’on a si bien énumérées. La radio numérique offre une meilleure qualité audio à la fois pour la FM et l’AM (le DRM seul l’assure dans toutes les bandes de fréquences au-dessus et au-dessous de 30 MHz), davantage de contenu et de programmes (jusqu’à trois ou quatre programmes en DRM contre seulement un programme en FM ou en AM aujourd’hui), des possibilités supplémentaires pour le service public et la radiodiffusion de niche, ainsi que des opportunités de cibler de nouvelles audiences.

Qui plus est, les avantages ci-dessus vont aussi avec des diminutions importantes de la consommation d’énergie (le DRM utilise jusqu’à 80 % moins d’énergie que l’émetteur analogique moyen) et une meilleure utilisation du spectre. À cela on peut ajouter de nouvelles opportunités commerciales, le réel potentiel de développement du marché et des perspectives de croissance pour les annonceurs.

Cela signifie-t-il alors que tout est réglé ? Pas tout à fait, car il y a encore des discussions sur le standard susceptible d’offrir les meilleurs avantages.

Du point de vue de DRM, si la couverture d’un pays est principalement sur les bandes des grandes ondes, ondes moyennes ou ondes courtes, alors la norme DRM peut offrir une bien meilleure expérience d’écoute en termes de qualité, de fiabilité et de fonctionnalités supplémentaires, telles qu’une programmation stéréo ou multilingue.

Transmission mixte

La qualité sonore du système de radio numérique DRM30 est telle que l’expérience d’écoute subjective sur une petite radio à la maison ou un autoradio est proche ou même meilleure que celle d’un service FM.

La décision de l’Inde d’investir dans le DRM30 pour remplacer le réseau de transmission AM représente donc une décision technique hautement louable car les réseaux de radiodiffusion ondes moyennes utilisant le DRM30 fourniront une couverture optimale avec une excellente qualité sonore, apportant la radio de « qualité FM » à des centaines de millions de personnes. De plus petits pays, principalement européens, comme la Norvège ou le Royaume-Uni, estiment que la solution multiplex leur convient mieux. Mais pour beaucoup d’autres pays, il ne sera pas question de l’un ou de l’autre, mais à la fois du DRM et du DAB, les standards ouverts qui sont génétiquement similaires, dans le fond « cousins numériques ».

Il y a même, dans des pays comme la Corée du Sud, l’Afrique du Sud et la Turquie, ceux qui demandent un mode de transmission mixte. Dans de nombreux pays le DRM+ — le mode de DRM pour la numérisation des bandes I, II (FM) et III — pourrait être une voie numérique facile pour les stations FM locales commerciales et communautaires, soit pour elles-mêmes soit en collaboration avec les grands multiplexes de stations numériques.

Avoir un récepteur combiné DRM et DAB+ offrirait aussi des avantages aux fabricants comme par exemple la possibilité d’utiliser le même codec de transmission COFDM, (bien que le DRM ait récemment amélioré son efficacité avec l’AAC), des applications de données (texte, information trafic, diaporama), des fonctionnalités de signalisation de service, d’alertes de catastrophes et des profils de récepteurs bien alignés.

Pour les auditeurs, cela signifierait qu’ils obtiennent une expérience de radio fluide indifféremment du standard utilisé sur un récepteur ayant la capacité de s’accorder aux réseaux DRM/DAB/FM et AM.

L’auditeur en premier

À l’heure actuelle, il semble qu’avec les trois standards sur le marché numérique la décision est prise non pas tant par les gouvernements que par les fabricants de chipsets. Certains d’entre eux se tournent vers le chipset entièrement multistandard numérique (et analogique), principalement à la demande des constructeurs automobiles. Il semble que les voitures peuvent accueillir (immédiatement ou potentiellement) plus d’un standard sur leur tableau de bord. Et puis le nouveau récepteur numérique pour voitures semble bon marché par rapport non seulement au récepteur analogique mais aussi au coût total de la voiture elle-même.

« Conduite » par l’industrie automobile, par l’intérêt pour la fourniture de données, par l’accessibilité du son sur les tablettes et PAD, la radio numérique arrive. Mais comportera-t-elle un standard ou une combinaison de standards ?

C’est un débat pour les séminaires techniques. Les auditeurs ne se soucient pas des acronymes. La ou les technologies qui l’emporteront seront celles qui démontreront avoir les plus solides performances globales.

Ne vous attendez pas à ce que ce match soit terminé en deux ou trois rounds.

Ruxandra Obreja est la présidente de Digital Radio Mondiale.

Radio World recueille d’autres points de vue. Veuillez envoyer vos commentaires à rwieditor@nbmedia.com

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