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En avant pour la radio numérique

L’UER présente les 30 facteurs pour réussir le déploiement de la radio numérique terrestre en Europe

Commentaire d’invité

Par Christian Vogg et David Fernández Quijada

GENÈVE — Le déploiement de la radio numérique en Europe offre actuellement un panorama passionnant avec des pays comme le Danemark, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni à la pointe de son développement.

Ces nations ont adopté la radiodiffusion numérique terrestre il y a plusieurs années et ils voient maintenant les résultats avec la Norvège prévoyant d’être le premier pays à fermer la FM, en 2017. La Norvège est considérée comme un modèle pour les autres pays européens en ce qui concerne les critères à choisir au moment de décider de désactiver la bande FM ainsi que la façon de procéder sur le plan du marketing et d’autres initiatives, même si nous savons que la situation diffère d’un pays à l’autre. 

Scénario complexe

Des pays adoptant la radio numérique comme l’Allemagne et les Pays-Bas suivent sur la liste, ainsi que de nouveaux arrivants comme la France, la Pologne, l’Italie et la République tchèque. D’autres vont rejoindre le club de la radio numérique bientôt avec les essais prévus en Autriche et en Turquie.

Déploiement du DAB en Europe

Ayant établi la carte de la radio numérique, nous pouvons dire que le sujet de la « radio numérique en Europe » est très complexe et implique non seulement les radiodiffuseurs, mais de nombreuses industries, les gouvernements et, last but not least, le public. Les arguments sont clairs et bien connus pour la plupart : la radio numérique terrestre n’est pas seulement fiable en termes de stabilité de réseau et de QoS, mais elle peut aussi coûter jusqu’à 40 fois moins cher que la large bande.

Cependant, il ne suffit plus de se concentrer sur les stratégies purement de radiodiffusion — la large bande peut enrichir la diffusion radio, surtout quand il s’agit d’applications personnalisées. Nous sommes convaincus que cette combinaison de diffusion et de large bande que nous appelons « la radio hybride » sera l’avenir de notre média, en utilisant les meilleurs côtés de chaque technologie afin d’offrir plus d’avantages aux auditeurs et de nouveaux business models pour les opérateurs de réseaux mobiles et les annonceurs. La réalité est telle que dans un océan numérique, la radio ne peut pas rester une île analogique.

Christian Vogg est responsable de la radio à l’Union européenne de radiodiffusion. Afin de soutenir le processus de mise en œuvre de la radio numérique dans autant de pays européens que possible, membres de l’Union de radiodiffusion, nous avons décidé l’année dernière d’établir un « manuel », qui présente une collection des meilleures pratiques et expériences. Après des recherches approfondies en Norvège, en Suisse et au Royaume-Uni, les résultats ont été récemment publiés dans le Digital Radio Toolkit (Boîte à outils du numérique) de l’UER. Dans ce rapport exhaustif, nous avons identifié 30 facteurs clés de succès sur la façon de mettre en œuvre la radio numérique.

Numérisation réussie

Sans surprise, en raison des différentes réalités nationales dans les pays européens, il n’existe pas de recette unique adaptée à tous. Cependant, les expériences des trois pays les plus avancés dans ce processus peuvent guider et inspirer la stratégie de numérisation d’autres pays. Il y a cinq domaines clés :

Couverture : La couverture de la radio numérique doit être au moins la même que celle de la radio analogique. Y compris sur les grands axes routiers, la planification de la couverture impliquera à la fois l’industrie automobile et les migrateurs quotidiens. Fait important, la disponibilité de la couverture doit être bien coordonnée avec les transports publics pour éviter des expériences frustrantes pour les nouveaux entrants.

Contenu : La proposition de contenu doit être solide, avec une valeur ajoutée évidente lorsque l’on compare les portefeuilles des services numérique et analogique. Ceci peut être réalisé principalement avec de nouvelles chaînes de radio et de nouveaux programmes. Par exemple, NRK en Norvège a conduit les auditeurs vers les plates-formes numériques en déplaçant des émissions analogiques à succès vers une station tout numérique. En Suisse, tout un réseau AM a été déplacé sur le DAB+.

Coûts : Le lancement de la radio numérique a des coûts induits pour les radiodiffuseurs, principalement des coûts de distribution et des coûts de production pour le nouveau contenu. La transmission numérique est moins chère que l’analogique, mais les avantages n’arrivent qu’avec l’arrêt de l’analogique. Par conséquent, la période de diffusion simultanée doit être aussi courte que possible mais durer aussi longtemps que nécessaire. Pour la production de nouveaux contenus, des économies d’échelle sont essentielles. On peut y parvenir en produisant le même contenu pour une distribution plus large ou en partageant les coûts de production, par exemple en diffusant la même émission de radio avec de la musique personnalisée pour différentes stations.

Collaboration : Concurrence sur le contenu, mais coopération sur la technologie est la vision partagée entre les radiodiffuseurs publics et privés. Cela comprend non seulement la radiodiffusion mais aussi les plates-formes IP, telles que Radioplayer au Royaume-Uni, un exemple d’un player Internet commun. Dirigés par les radiodiffuseurs, tous les intervenants doivent travailler ensemble ; des organismes industriels communs tels que Digital Radio Norge ou Digital Radio UK se sont avérés être très utiles dans la coordination des efforts. L’objectif doit être de trouver des incitations pour tout le monde, en créant des situations gagnant-gagnant.

Communication : La communication publique est essentielle pour sensibiliser les citoyens à la nouvelle plate-forme et à ses services associés. Un autre outil clé est l’implication des industries connexes. Le message doit se concentrer sur la valeur ajoutée de la radio numérique (essentiellement les nouvelles stations en exclusivité), être cohérent et éviter toute confusion dans le marché. Enfin, il est important qu’il soit simple : promouvoir « la radio numérique » et non le « DAB » ou le « DAB+», car c’est plus facile à comprendre, et le terme « numérique » a des connotations positives pour la plupart des gens.

David Fernández Quijada est analyste médias senior à l’Union européenne de radiodiffusion. Cette formule des cinq « C » conduit à un sixième domaine : l’engagement de toutes les parties prenantes. Cet engagement montre clairement les objectifs et les ambitions de l’industrie et envoie le signal le plus fort possible, aidant à créer une dynamique parmi les auditeurs. Par exemple, ARD en Allemagne a récemment publié son engagement clair à poursuivre la voie de la radio numérique. Maintenant, nous faisons du lobbying pour que d’autres grands acteurs prennent le train en marche.

Enfin, nous devons être honnêtes — il y a encore un long chemin à parcourir. En Norvège, cela a pris plus de dix ans pour parvenir à l’objectif d’extinction, nécessitant de grands efforts pour définir des critères solides et travailler pour les atteindre. Et il y a encore des oppositions dans certaines parties de l’Europe, surtout de la part des opérateurs de réseaux mobiles et des stations de radio commerciales.

Dans les deux cas, les raisons sont liées au coût et à la concurrence, mais à notre avis c’est une vision à court terme puisque le passage à la diffusion numérique offre des avantages à long terme, et la concurrence de nombreuses plates-formes arrive déjà.

C’est maintenant à nous radiodiffuseurs de convaincre les diffuseurs récalcitrants des avantages de la radio numérique terrestre. Nous sommes convaincus qu’à la fin, ils monteront à bord et nous rejoindront en mettant le cap dans la même direction — vers la radio numérique hybride sur tous les appareils.

Christian Vogg est le responsable de la radio à l’Union européenne de radiodiffusion.

David Fernández Quijada est analyste médias senior à l’Union européenne de radiodiffusion.

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